En Europe, le maïs génétiquement modifié n'est cultivé à grande échelle qu'en Espagne. Photo: fotolia

L'Espagne est la principale zone de culture du maïs génétiquement modifié dans l'UE. Le maïs GM cultivé produit la toxine Bt, un insecticide (MON810, Bt11 et maïs 1507), est résistant aux herbicides glyphosate et glufosinate ou contient une combinaison de ces propriétés. En Espagne, la téosinte, une plante sauvage amérindienne qui est l’ancêtre du maïs cultivé, se répand depuis plusieurs années. En 2017, les scientifiques de l'ETH Zurich ont montré que la sous-espèce de téosinte trouvée en Espagne avait déjà échangé des gènes avec des plants de maïs. Selon l'organisation Testbiotech, il est possible que le maïs transgénique soit également capable de transmettre à la téosinte ses gènes de résistance aux herbicides ou de production de la toxine Bt, ce qui aboutirait au développement de "super mauvaises herbes".

Une étude récente de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) conclut que ces risques sont faibles. Testbiotech critique cette étude car elle est basée sur des hypothèses simplistes. L'étude suppose que les gènes supplémentaires insérés dans la téosinte n'ont que les propriétés prévues à l'origine. Une étude chinoise, publiée cette année, a montré que l'enzyme, transférée dans les plantes pour les rendre résistantes au glyphosate, peut également accroître le potentiel de dissémination incontrôlée des plantes dans l'environnement.

C’est pourquoi "La dissémination incontrôlée des transgènes peut causer des dommages considérables à l'environnement et aux agriculteurs ", explique Christoph Then de Testbiotech. De plus, il n'existe actuellement dans l'UE aucune ligne directrice ou méthode permettant d'évaluer les risques posés par les croisements spontanés de plantes génétiquement modifiées.

Selon Testbiotech, un autre problème fondamental de l’étude concerne l'indépendance de l'AESA.  Cette étude est un document commun de collaborateurs de l’AESA et de Syngenta et son élaboration a été planifiée en 2017 lors d'une conférence intitulée "International Symposium on the Biosafety of Genetically Modified Organisms (ISBGMO)". Ces conférences sont régulièrement parrainées par des entreprises telles que Monsanto, Bayer, Dow AgroSciences, DuPont et Syngenta et l'organisation faîtière CropLife International.

Ceci est également une nouvelle illustration de l’absence de limites claires entre l’AESA et l’industrie. Jusqu’à ce jour, l'AESA n'a pas réussi à fixer des normes suffisantes pour protéger les autorités de contrôle des aliments de l'influence d'experts ou d’expertes travaillant dans l'intérêt de l'industrie.