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Quelle nourriture pour les gens qui ont faim? Photo: clipdealer

Le rapport « Avons-nous besoin des OGM pour nourrir le monde? » du Réseau canadien d'action sur les biotechnologies (RCAB) arrive à la conclusion que les biotechnologies n'ont pas apporté une solution à la faim dans le monde.

Les experts estiment que plus de 9 milliards de personnes devront être nourries en 2050. Les représentants de la biotechnologie répètent inlassablement que cette tâche ne sera pas possible sans l'utilisation du génie génétique. Cependant, le RCAB souligne que la famine est souvent due à des causes plus fondamentales, telles que la pauvreté et l'inégalité. De nombreuses personnes sont trop pauvres pour s’acheter de la nourriture et n'ont pas accès à la terre pour en cultiver. L’argent du pays n’est pas investi dans les infrastructures d’irrigation, dans les routes et dans des solutions d’entreposage à disposition des communautés pour pouvoir exploiter efficacement les ressources agricoles et distribuer les denrées alimentaires. Dans les pays les plus riches du monde, le problème n'est pas la quantité de nourriture produite. Un tiers de la production mondiale de denrées alimentaires est gaspillée sur le chemin entre le champ et l’assiette, remettant en cause notre manière de consommer et notre système de distribution à large échelle. L'industrie du génie génétique ne prend pas ces éléments en compte car ils ne leur rapportent pas directement de l’argent.

Les cultures d’OGM actuellement sur le marché ne sont pas conçues pour contrer la faim. Le soja, le maïs, le coton et le canola génétiquement modifiés représentent 98% des cultures OGM et ne sont pas directement destinées à la consommation humaine. Ces cultures sont principalement destinées à la production de carburants, de produits industriels ou d'aliments pour animaux.

Les cultures d'OGM n’ont permis d’augmenter ni les rendements, ni les revenus des agriculteurs. Sur les treize ans qui ont suivis la commercialisation des semences de soja et de maïs génétiquement modifiés pour résister aux herbicides, aucune augmentation du rendement n’a été constatée aux États-Unis. Depuis la promotion massive de l’utilisation du coton Bt en Inde, les rendements ont stagné sur la période entre 2005 et 2013. Malgré l’absence de rendements supérieurs et, donc, en l’absence d’une augmentation de revenu pour les agriculteurs, le prix des semences a continuellement augmenté sur cette même période en Amérique du Nord. Une hausse du prix des semences et des intrants agricoles est également observée en Inde et en Afrique.

Les cultures d'OGM augmentent l’utilisation de pesticides et les dommages à l’environnement. L’utilisation systématique d’herbicides dans les cultures d'OGM a eu deux effets: l’augmentation de la  quantité totale d’herbicide utilisée et le développement de "super mauvaises herbes" multirésistantes.  L’augmentation de l’utilisation de pesticide endommage durablement la fertilité du sol, la vie aquatique et réduit la biodiversité. En Inde, la réduction du contingent de certaines espèces de nuisibles par l’introduction du coton Bt a permis l’émergence d’autres nuisibles qui ne menaçaient pas sérieusement le coton par le passé. Ainsi, le thrips, la cochenille et le puceron causent maintenant de graves problèmes aux producteurs de coton dans tout le pays.  

Le rapport montre clairement, chiffres à l’appui, que les cultures d'OGM ne combattent pas la faim dans le monde parce qu'elles n'augmentent pas le rendement des cultures et n'augmentent pas les revenus des agriculteurs. Les cultures d'OGM favorisent l'utilisation de l'agriculture industrielle et le contrôle des moyens de production (semences, intrants, machines agricoles) par quelques grands groupes agricoles. Le rapport conclut que l'utilisation du génie génétique accroît les problèmes sociaux, économiques et environnementaux. Le rapport souligne que la solution à ces problèmes est de coupler une production agricole selon des méthodes durables et écologiques à une distribution locale des aliments; c’est aussi le droit des peuples à définir eux-mêmes leurs systèmes alimentaires et agricoles et à exercer leur souveraineté alimentaire.