Lab kitchen

Bricolage génétique de bactéries à côté de la cuisinière.. Image: YouTube

De nouvelles techniques de génie génétique ont rendu la modification de notre ADN tellement accessible que des bricoleurs du vivant ont entrepris de se transformer eux-mêmes génétiquement. Deux de ces pirates du vivant (« biohackers »), Josiah Zayner  et Aaron Traywick, se sont injectés publiquement les outils moléculaires permettant de modifier leur ADN, sans validation préalable des autorités sanitaires. Aaron Traywick a été retrouvé mort à l'intérieur d'un caisson d’isolation sensorielle - une sorte de cocon clos fermé et isolé phoniquement dans lequel on flotte dans un bain d’eau salée. Les causes de sa mort sont encore inconnues.

Aaron Traywick s’est injecté un traitement expérimental de thérapie génique contre le virus de l’herpès lors d’une conférence au Texas, il y a trois mois. Ce traitement vise, comme d’autres kits expérimentaux vendus par sa compagnie, à modifier des cellules du corps humains en y injectant de l’ADN artificiel ou viral. Le principe actif du traitement n’a pas été homologué par les instances de santé publique des États-Unis pour un usage sur l’homme. La fin de cette expérience ne sera jamais connue.

Josiah Zayner est devenu le premier cobaye humain à s’injecter l’outil d’édition génomique CRISPR/Cas9. Cet outil est couramment utilisé pour créer des organismes génétiquement modifiés (OGM) dans les plantes et les animaux de rentes. Le but de Zayner : modifier son génome pour augmenter sa masse musculaire. Il a ainsi accédé à la célébrité mais il a aussi regretté son geste, expliquant que "C'est évident que cela va mal finir pour [l'un de nous] à un moment ou à un autre".

Le but de ces bricoleurs génétiques est clair : accélérer la mise sur le marché d’outils de transformation génétique, disponibles sur internet pour une auto-administration, hors du cadre de la recherche hospitalière publique ou des compagnies pharmaceutiques privées. Les bricoleurs deviennent alors des pirates du vivants qui agissent hors ou à la limite de la légalité et, surtout, au mépris du principe de précaution qui nous oblige à évaluer les risques posés aussi bien par des traitements médicaux que par la dissémination d’OGM dans l’environnement.   

Dans la pratique, plusieurs pirates du vivant vendent des kits d’édition génomique, CRISPR/Cas9, pour permettre à tout un chacun de modifier génétiquement des bactéries ou des levures dans sa cuisine (Bulletin n°70, février 2018). Sommes-nous ensuite sûrs que ces bactéries modifiées restent confinées à une cuisine et qu’elles ne sont pas disséminées dans l’environnement ? Comment sait-t-on si ces bactéries modifiées ne deviennent pas nocives pour la santé, si les instructions du kit ne sont pas respectées ? Nous perdons ainsi le contrôle sur la production d’OGM.

Les premiers essais de modification de l’ADN par CRISPR/Cas9 chez l’homme ont été lancés aux États-Unis et en Chine au début de cette année dans des instituts de recherche reconnus des autorités sanitaires ((Bulletin n°70, février 2018)). De son côté, la Food and Drug Administration (FDA) a averti que la vente de traitements d’auto-administration de thérapie génique est illégale.

DOCUMENTS STOPOGM

  • StopOGM Infos 66
    Nouvelles techniques de modification génétique. Les mêmes promesses qu'il y a 20 ans
    Protéger les espèces à l'aide de manipulation génétiques ?

 

RAPPORT

Dialogue transatlantique des consommateurs, 2017

Commission d'éthique dans le domaine non humain :

Descriptions des techniques et risques

Prise de position de scientifiques

Expertises juridiques et régulation