Régulation sur le nouveau génie génétique: Notre Position
En collaboration avec une large alliance d'une soixantaine d'organisations de soutien, le ASGG indique dans une prise de position les lignes rouges à ne pas franchir.
Brochure d'information de Friends of the Earth (2020) sur les risques des sprays à ARN (en anglais)
Nouvelle étude de l'Alliance suisse pour une agriculture sans génie génétique et de la Protection suisse des animaux (PSA) sur les applications des nouvelles techniques de génie génétique chez les animaux.
Le développement d'animaux génétiquement modifiés (AGM) est en plein essor. Jamais autant d'espèces animales différentes n'ont été modifiées génétiquement à des fins de recherche et d'élevage. Les domaines d'application vont des animaux de laboratoire pour la recherche biomédicale à la protection de la nature en passant par l'agriculture, mais l'édition du génome devrait également être utilisée pour les animaux de compagnie. Et ce, à une époque où la société se préoccupe de plus en plus du bien-être des animaux de rente élevés de manière industrielle. Ce boom intervient également au moment où la viande et les produits laitiers issus de l'élevage intensif alimentent la crise climatique et de la biodiversité et où un nombre croissant de chercheurs et d'institutions appellent à réduire la consommation de produits animaux.
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Aux Etats-Unis, l'autorité de sécurité alimentaire (FDA) a considéré que la mise sur le marché d'aliments issus de bovins à poils courts (slick-haired en anglais) dont le génome a été édité présentait peu de risques. Les gènes des bovins ont été modifiés à l'aide de l'outil d'édition du génome CRISPR afin de leur donner un pelage court et lisse, censé les rendre plus résistants aux temps chauds. On espère que les bovins qui ne souffrent pas de stress thermique prendront plus facilement du poids et permettront ainsi une production de viande plus efficace. Après un examen scientifique, il existe tout au plus un faible risque, mais il n'est pas possible d'en déduire des problèmes de sécurité, écrit la FDA.
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Des œufs et des poules pondeuses issus de poules transgénique CRISPR pourraient être mis sur le marché de l'UE sans que l'on s'en aperçoive, c'est-à-dire sans procédure d'autorisation, d'évaluation du risque et sans étiquetage. C'est ce qui ressort d'une lettre de la Commission européenne qui considère les poules pondeuses et les œufs issus de telles poules CRISPR comme non-OGM.
L'intervention génétique vise à empêcher le broyage/gazage éthiquement indéfendable de poussins mâles non rentables, en transmettant à chaque descendant mâle un gène mortel. Les poules ont été modifiées par des chercheurs israéliens de manière à ce que les descendants mâles meurent dans l'œuf dès le stade embryonnaire. Les descendants femelles n'héritent pas du gène, on suppose donc qu'ils se développent normalement et peuvent être utilisés comme poules pondeuses pour la production d'œufs.
L'Alliance suisse pour une agriculture sans génie génétique (ASGG) salue la prolongation du moratoire, qui garantit désormais que les produits des nouvelles techniques de génie génétique (NTGG) ne pourront pas être autorisés jusqu'à fin 2025. Durant cette période, de nombreuses questions doivent encore être clarifiées.
Le moratoire s'applique clairement à toutes les NTGG jusqu'en 2025. Il est désormais décisif, pour une clarification responsable de toutes les questions en suspens, que les NTGG soient réglementés dans le cadre de la loi sur le génie génétique. Ce n'est qu'à cette condition que la sécurité des aliments, de l'environnement et de l'économie sera garantie par une évaluation appropriée des risques, et que la coexistence et la liberté de choix pour les producteurs et les consommateurs seront assurées.
L'Alliance suisse pour une agriculture sans génie génétique (ASGG) salue la décision du Conseil national de prolonger le moratoire jusqu'en 2025, mais regrette que le régime d’homologation souhaité par le Conseil national ne soit pas clairement ancré dans la Loi sur le génie génétique. Ceci crée une insécurité juridique problématique pour garantir la sécurité des êtres humains, de l’environnement et de l’économie.
La variante adoptée aujourd’hui laisse sous-entendre que l'édition du génome sans introduction de matériel génétique étranger à l'espèce est sans danger. Mais le fait de renoncer à l'introduction de gènes étrangers n'offre pas une plus grande sécurité car le risque ne dépend pas uniquement de l’ADN introduit mais aussi et surtout de la technique utilisée. Ces NTGG augmentent la rapidité et les possibilités de modification des génomes - entre autres la possibilité de modifier plusieurs gènes à la fois (multiplexing) et d'accéder à des zones du génome qui sont autrement protégées des mutations naturelles. Ceci a pour conséquence un risque accru et non évalué et exige une réglementation plus stricte et une évaluation des risques qui n’est permise que dans le cadre de la LGG.
Il est important de mettre à profit la période du moratoire pour définir les critères qui définiront le risque liés à ces techniques et ainsi établir un régime d’homologation qui permette de garantir la sécurité des êtres humains, de l’environnement et de l’économie. Ce délai permettra aussi d’attendre les éventuels changements de législation dans l'UE avant d'élaborer un régime d’homologation et permettra également la tenue d’un débat sociétal sur la question de l’utilisation de ces techniques.
En cas de déréglementation, la moitié de toutes les nouvelles variétés contiendront au moins une caractéristique obtenue au moyen d'une NTGG - et chaque variété de semences sera donc protégée par au moins un brevet. Image: Shutterstock
Les nouvelles techniques de génie génétique sont liés à la promesse que même les petites entreprises de sélection pourront désormais profiter de cette technologie. La position de monopole des multinationales agrochimique, longtemps critiquée, devrait ainsi être brisée. Les partisans du génie génétique présentent cela comme un acquis important par rapport au génie génétique classique. Mais ce faisant, ils occultent un obstacle important : les brevets accordés sur les nouvelles technologies et ses produits, qui entravent massivement le travail des cultivateurs. Une déréglementation des nouvelles techniques de génie génétique (NTGG) ne ferait que renforcer les conséquences négatives des brevets sur la sélection et menacerait notre base alimentaire, l'environnement et la sécurité des consommateurs.