01.10.2014 | Agriculture 

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Image: Uniterre


L'initiative « Pour la souveraineté alimentaire. L'agriculture nous concerne toutes et tous. » a été lancée le matin du 30 septembre à Berne. La souveraineté alimentaire (SA) est le droit des populations à définir leur politique agricole et alimentaire. Les consommateurs (les communautés locales) doivent pouvoir décider ce qu'ils veulent consommer et les paysans doivent avoir les moyens de produire ces produits dans de bonnes conditions. Ce concept a été défini en 1996 par la Via Campesina dont Uniterre est membre.

Les populations demandent une agriculture capable de fournir des produits de qualité durablement dans le temps. Ceci implique une agriculture résiliente écologiquement et économiquement. Concrètement cela veut dire que la production et la commercialisation doit être relocalisée. La relocalisation implique un meilleur contrôle des quantités et de la qualité par les communautés (organisations de producteurs ou de consommateurs). Elle implique aussi le versement d'un prix juste aux producteurs au travers de circuits courts qui éliminent une partie des intermédiaires qui sont ceux qui aujourd'hui gagnent le plus. L'Etat doit avoir le droit de se protéger des importations agricoles et alimentaires à trop bas prix et aucun dumping à l'exportation n'est admis.

La résilience écologique implique la généralisation de pratique agricole qui vise à générer la fertilité du sol et des écosystèmes plutôt qu'à les exploiter. L'agroécologie offre cet ensemble de pratiques qui permettent de conserver et sécuriser des rendements à même de nourrir les populations sur le long terme.

L'accès à la terre doit être simplifié pour les jeunes afin de permettre un nouvel essor de la production locale. Cet accès à la terre est un facteur d'intégration social et d'accès au travail et au revenu. Il permet aussi à l'agriculture de s'indépendantiser du pétrole par le travail humain. Aujourd'hui, l'agriculture est sous perfusion énergétique. Il faut 7 calories fossiles injectées dans le système pour n'en retirer qu'une seule. Ces pratiques agricoles ne sont pas viables.

L'accès libre aux semences est le pilier fondamental de la SA. Les ressources génétiques doivent être en libre accès et échangeables afin de permettre l'adaptation locale des variétés et leur conservation. Le génie génétique (OGM) ne représente pas une solution car c'est une innovation chère, compliquée, centralisée et peu efficace. Le génie génétique n'offre donc pas la résilience nécessaire pour répondre aux besoins locaux des communautés. L'initiative demande leur interdiction afin de pouvoir passer à autre chose.

La nécessité d'un changement de paradigme agricole est répétée depuis plusieurs années dans différents rapports scientifiques internationaux comme l'Évaluation internationale des connaissances, des sciences et des technologies agricoles pour le développement (2009) ou celui publié en 2013 par la Conférence des Nation Unies pour le commerce et le développement, Wake up before it is too late. La conclusion de ces rapports est que le « business as usual » n'est plus possible. Un changement de cap est nécessaire.

L'initiative est radicale et demande ce changement de cap. La transition est déjà en marche, au niveau local partout dans le monde. L'évidence n'attend pas. Mais cela sera d'autant plus simple et ira d'autant plus vite si des conditions cadres adéquates sont mises en place. Osons être ensemble et demander le changement au niveau politique !