Régulation sur le nouveau génie génétique: Notre Position
En collaboration avec une large alliance d'une soixantaine d'organisations de soutien, le ASGG indique dans une prise de position les lignes rouges à ne pas franchir.
Brochure d'information de Friends of the Earth (2020) sur les risques des sprays à ARN (en anglais)
Les dernières enquêtes estiment qu'environ 350 000 espèces d'insectes visitent les fleurs et participent à la pollinisation. Image : Shutterstock
En amont de la COP15 à Montréal, l'ONG française Pollinis, qui milite pour la protection des insectes pollinisateurs, a lancé un appel pour mettre en garde contre les conséquences négatives possibles de l'utilisation des biotechnologies dans l'environnement. Les insectes pollinisateurs sont en effet importants pour la biodiversité, les fonctions de l'écosystème et l'augmentation des rendements. Pour inverser le déclin des populations d'insectes, il faut leur offrir un habitat sûr dans les paysages où l'on pratique l'agriculture, l'élevage et la sylviculture, demande Pollinis.
La dissémination d'organismes, de produits ou de composants obtenus à l'aide de la biotechnologie génétique, tels que les pesticides à base d'ARN interférent (ARNi) et les organismes génétiquement modifiés (OGM), pourrait aggraver les facteurs de stress actuels auxquels les insectes pollinisateurs sont déjà exposés, craignent les signataires : des personnalités de renom dans les domaines de la biologie moléculaire, de la génétique, de l'entomologie et de l'agroécologie, de l'apiculture et de l'environnement.
Actuellement, la législation européenne est la même pour les nouveaux et les anciens organismes génétiquement modifiés (OGM). Celle-ci prévoit une évaluation des risques, un étiquetage clair et la traçabilité des OGM mis sur le marché. Mais la Commission européenne a l'intention d'exclure les OGM produits par de nouvelles techniques de génie génétique (NGV) de la législation actuelle sur les OGM, afin d'obtenir un accès simplifié au marché européen. Si la déréglementation prévue est mise en œuvre, les évaluations des risques, les exigences de traçabilité et d'étiquetage seront supprimées pour environ 95 % de toutes les plantes NGV actuellement en cours de développement. Cela permettrait de résoudre de manière ingénieuse le problème du rejet des aliments OGM par les consommateurs. Car sans déclaration, plus personne ne sait ce que contiennent nos aliments. Les puissantes entreprises de semences et de produits chimiques peuvent donc s'attendre à des bénéfices encore plus importants.
À l’occasion de l’Assemblée des délégués d’automne de Bio Suisse du 16 novembre 2022 à Olten, des spécialistes du secteur bio ont exigé que les nouvelles techniques génétiques soient traitées dans le cadre de la Loi sur le génie génétique. La Fédération veut prendre une décision à ce sujet d’ici au printemps.
Du point de vue de la Commission fédérale d'éthique pour la biotechnologie dans le domaine non humain (CENH), l'agriculture doit contribuer davantage à la réduction des émissions nocives pour le climat que ce que la politique lui impose aujourd'hui. On attribue souvent aux nouveaux procédés de génie génétique un rôle central pour atteindre les objectifs de réduction nécessaires de toute urgence. En revanche, une nette majorité de la CENH estime que le potentiel de ces procédés est trop faible pour contribuer de manière significative à l'adaptation nécessaire de l'agriculture dans le délai restreint imparti. La Suisse s'est engagée dans l'accord de Paris sur le climat à fournir une contribution appropriée à la limitation du réchauffement global. Compte tenu des scénarios de dommages liés au changement climatique, la CENH estime qu'il serait éthiquement inacceptable de ne pas atteindre ces objectifs.
Le 25 juin, le Conseil fédéral a adopté le rapport sur l'orientation future de la politique agricole en Suisse. L'orientation générale vers une agriculture plus durable est en principe à saluer. La SAG conteste toutefois que des solutions techniques rapides puissent ouvrir la voie à la durabilité. Un changement de paradigme vers la durabilité nécessite une analyse approfondie des causes des problèmes actuels de l'agriculture, comme le souligne le rapport dans la perspective de la réduction de l'utilisation des pesticides par les collaborateurs de l'Institut pour l'environnement et les ressources naturelles (IUNR). Dans ce cas, un traitement des symptômes à l'aide d'organismes génétiquement modifiés n'apporte aucun remède, mais ne fait que créer de nouveaux problèmes (p. ex. des pesticides encore plus toxiques).
Nouvelle étude de l'Alliance suisse pour une agriculture sans génie génétique et de la Protection suisse des animaux (PSA) sur les applications des nouvelles techniques de génie génétique chez les animaux.
Le développement d'animaux génétiquement modifiés (AGM) est en plein essor. Jamais autant d'espèces animales différentes n'ont été modifiées génétiquement à des fins de recherche et d'élevage. Les domaines d'application vont des animaux de laboratoire pour la recherche biomédicale à la protection de la nature en passant par l'agriculture, mais l'édition du génome devrait également être utilisée pour les animaux de compagnie. Et ce, à une époque où la société se préoccupe de plus en plus du bien-être des animaux de rente élevés de manière industrielle. Ce boom intervient également au moment où la viande et les produits laitiers issus de l'élevage intensif alimentent la crise climatique et de la biodiversité et où un nombre croissant de chercheurs et d'institutions appellent à réduire la consommation de produits animaux.