Emballage de pommes de terre GM développées par le Dr. Caius Rommens. Photo: GMO free USA & GM watch
Le Dr Caius Rommens a travaillé pour Monsanto puis est devenu chef du développement des pommes de terre génétiquement modifiées (GM) chez Simplot avant de devenir un critique des OGM. Il explique dans un livre paru au début du mois pourquoi nous devrions nous méfier des produits qu'il a créés et retrace son histoire peu commune. Dans son livre, le Dr Rommens souligne que les pommes de terre OGM, actuellement commercialisées aux États-Unis, sont susceptibles d'accumuler au moins deux toxines qui sont absentes des pommes de terre normales.
Les pommes de terre GM sont commercialisées aux États-Unis par la firme Simplot sous les noms innocents de Innate, Hibernate, and White Russet. Elles sont décrites comme étant meilleures et plus faciles à utiliser que les pommes de terre normales car moins sensibles aux chocs et blessures. Mais la réalité est différente. Les pommes de terre sont manipulées pour ne pas brunir. Elles contiennent au moins autant de beugnes que les pommes de terre normales mais ces imperfections indésirables sont invisibles.
La principale modification génétique introduite dans les pommes de terre est la mutation du gène codant pour une enzyme, la polyphénol oxydase (PPO). Cette enzyme est responsable du brunissement non seulement dans les pommes de terre mais aussi dans de nombreux fruits et légumes. Ainsi, ce gène a été muté dans des champignons et dans des pommes, également autorisées à la commercialisation aux États-Unis. En réponse à une blessure, la PPO est activée et contribue à la formation de mélanine qui formera une tâche visible brune. Mais l’enzyme a également une fonction dans le système immunitaire de la plante. Eneffet, la mutation du gène de la PPO abaisse la résistance naturelle de la plante au stress.
Dans une entretien avec GMwatch et Sustainable Pulse, le Dr Rommens dit avoir renoncé à sa carrière dans les OGM après avoir constaté que "la plupart des variétés d'OGM étaient rabougries, chlorotiques, mutantes ou stériles, et que beaucoup d'entre elles mouraient rapidement, comme des bébés nés prématurément". À son avis, « les pommes de terre utilisées pour les tests auraient dû être cultivées au champ plutôt qu'en serre, et elles auraient dû être exposées à divers stress, comme l'infection, la sécheresse, la chaleur, le froid et l'arrosage excessif. »
Des scientifiques, ayant collaboré avec le Dr. Rommens, ont notamment constaté que mutation de la PPO augmente significativement le taux de deux toxines dans les pommes de terre GM : l’alpha-aminoadipate, une neurotoxine, et le chaconine-malonyl. Le maïs LY038 qui contenait un taux trop élevé d’alpha-aminoadipate a été retiré du marché en Europe. Le chaconine-malonyl est un dérivé des glycoalcaloïdes qui provoquent des nausées, des vomissements et des dommages neurologiques.
Le fait que les traces brunes dues à des chocs ou des infections ne soient pas visibles sur les pommes de terre GM pose des problèmes de sécurité alimentaire. En effet, les pommes de terre GM qui entrent dans le circuit de la grande distribution peuvent être infectées par des champignons et des virus sans que ces infections soient visibles. La mise sur le marché des pommes de terre GM favorise donc la propagation de ces infections. De plus, les pommes de terres GM contiennent potentiellement des toxines fongiques (par exemple, la fumonisine, l'AAL-toxine, la tentoxine, la toxine rhizoctoniaque et la toxine des Verticillium).
- Lien externe : Interview du Dr. Caius Rommens par GMwatch et Sustainable Pulse