L'Office fédéral de l'environnement OFEV a autorisé une dissémination expérimentale dont le requérant est Agroscope. Il s‘agit d'une variété d'orge modifiée au moyen de nouvelles techniques génomiques NTG. Dans le monde entier, les variétés de plantes modifiées à l'aide de NTG n'en sont qu'au stade du développement – les études de risques ainsi que celles qui amènent la preuve de leur utilité font défaut. Si l’étude des variétés obtenues par une NTG – en particulier de leur utilité et des risques qu’elles posent – est en principe à saluer, cet essai est questionnable pour une agriculture suisse plus durable.
Site protégé – des coûts élevés pour peu de bénéfices
Le site protégé a été installé pour étudier l’utilité et les risques que représentent les nouvelles plantes génétiquement modifiées pour l‘agriculture. L’entretien et le fonctionnement de ce site coûtent plus de 750‘000 CHF par an à la collectivité.
Après dix ans d’activités, peu de connaissances ont permis d’améliorer la sélection de plantes utiles à l’agriculture suisse ; aucune recherche n’a pu montrer que le génie génétique est une innovation utile, en particulier dans une optique de durabilité de l’agriculture.
Destinés en particulier à favoriser les recherches sur la biosécurité, le site et les expériences qui y sont effectuées sont lacunaires et mal conçus. Cela ressemble plus à des alibis destinés à satisfaire les exigences légales. Le site protégé est unique en son genre en Europe, mais malheureusement inconnu pour son apport aux connaissances en biosécurité.
Les résultats des recherches en champs effectués sur le site ont montré que les résultats obtenus en laboratoire puis en serre ne sont pas transposables au champ. C’est en soi le seul résultat obtenu. Cela démontre que la vision réductionniste qui consiste à dire que l’ADN est un code et qu’il suffit de modifier les lettres du code pour obtenir ce que l’on veut n’est pas correcte.
Jusqu’à quand nous entêterons-nous à gaspiller l’argent public et à mettre en danger l'environnement et la santé publique ?
Pas de gènes étrangers - pas de risque ? Un récit trompeur
Comme l'annonce Agroscope dans son communiqué, les plantes d'orge CRISPR ne contiennent pas de gène étranger (transgène). Dans le débat sur les nouvelles techniques génomiques NTG, les plantes sans transgène sont présentées comme particulièrement inoffensives, comme pouvant survenir naturellement. Elles devraient donc être régulées moins strictement. Cela en dit long sur l’intérêt des chercheurs dans le domaine de la biosécurité !
Tous ces récits sont trompeurs. Les NTG peuvent avoir des effets non désirés sur le génome. De plus, l’inactivation des gènes étudiés n’a jamais été observée dans la nature. En effet, les probabilités d’occurrences naturelles sont très faibles ; dans la nature tout ce qui est possible n’est pas forcément réalisé et les mécanismes de réparation ou de conservation du génome sont très performants. C’est pour cela que nous utilisons CRISPR, pour modifier les génomes et faire ce qui ne se trouve pas dans la nature. Et ces techniques permettent de les modifier très rapidement et en profondeur, d’où la nécessité d’études de risques. L’origine du gène (étranger ou pas) n’a aucune importance en matière de biosécurité.
Variété modèle non pertinente pour la Suisse
L'orge CRISPR est basée sur la variété Golden Promise – un orge de brasserie très sensible aux maladies fongiques. L'orge de brasserie joue un rôle secondaire dans notre pays, car l'orge est principalement cultivée pour la production d'aliments pour les animaux. Cet essai n’apportera rien à l’agriculture suisse. Ces expériences coûtent très cher pour une utilité très discutable ; cet argent serait bien mieux investit dans des programmes de sélection conventionnels ou bio qui eux délivrent des résultats tous les jours.