Une animation vidéo de l´ASGG montre comment le forçage génétique foncitonne et quels sont les risques qu'il comporte.
Des chercheurs américains et chinois ont réussi pour la première fois à modifier des plantes par forçage génétique. L'utilisation des nouvelles techniques génomiques (NTG) permet de manipuler les plantes directement dans l'environnement. Les chercheurs espèrent par exemple pouvoir utiliser cette technologie dans la lutte contre les «mauvaises herbes». Les gènes forcés sont des éléments génétiques qui sont transmis de manière disproportionnée – plus de 50% - à la descendance. L'objectif du forçage génétique est de modifier les populations naturelles. Le processus de modification génétique est ainsi transféré du laboratoire à l'environnement.
Les premiers insectes et des espèces de levure avec des gènes forcés ont déjà été développés en 2015. En 2019 des forçages génétiques ont aussi été construits chez des mammifères, mais selon la revue Nature Plants, c'est la première fois que l'on parvient à en développer chez les plantes. Les expériences conduites démontrent que les constructions génétiques synthétiques sont capables de se propager rapidement dans une population pour remplacer les plantes naturelles.
Les procédés brevetés du forçage génétique utilisés par les chercheurs sont basés sur le ciseau génétique CRISPR/Cas qui supprime des gènes naturels indispensables à la formation de pollen mâle et/ou d'ovules femelles et donc à la reproduction des plantes. C'est pourquoi l'équipe américaine appelle ce procédé 'tueur de cellules germinales'.
De plus un gène additionnel a été introduit pour que seules les plantes génétiquement modifiées survivent. Les résultats montrent qu'à chaque nouvelle génération, la proportion de plantes transgéniques dans les populations testées augmente. Si ces plantes modifiées par forçage génétique étaient disséminées dans la nature, les éléments insérés dans le génome pourraient se propager dans l'environnement.
L'utilisation du forçage génétique est très risquée : les modifications génétiques qui en résultent et leurs conséquences sont trop peu prévisibles et à peine contrôlables. Comme plusieurs générations sont généralement nécessaires pour atteindre la propagation souhaitée des éléments de forçage génétique dans une population, des mutations et interactions imprévues pourraient apparaître. Les conséquences qui en résultent sont imprévisibles et les dommages potentiels causés à la biodiversité sont probablement irréversibles.
Ces risques sont partiellement abordés dans les publications actuelles. Les équipes de recherche impliquées estiment que les méthodes pourraient tout de même fonctionner. Testbiotech, l'institut indépendant chargé de l'évaluation des conséquences dans le domaine du génie génétique, demande en revanche l'interdiction de la dissémination d'organismes de génie génétique ayant pour but de modifier des populations naturelles. En 2020 déjà, l'Alliance suisse pour une agriculture sans génie génétique (ASGG) a également demandé au Conseil fédéral de s'engager en faveur d'un moratoire global sur le forçage génétique.